Le pouvoir des mauvaises nouvelles.

Publié le 28 novembre 2022 à 17:36

Alors que je patientais gentiment avec la confiance absolue que mon livre “Petits Belges ?” serait sous les sapins pour Noël, j’ai été prévenue, un peu par hasard, d’un nouveau retard de mon éditeur.  C’est en fait le graphiste, avec qui j’échangeais pour lui faire modifier quelques erreurs de typo restantes, qui m’a mise au courant de ce nouveau retard.  Trop, c’est trop!  Cela va faire un an que j’ai signé avec l’éditeur, et je commence à douter que mon livre sorte un jour.  Je vis les premiers jours qui suivent cette mauvaise nouvelle avec un poids sur la poitrine.  Une réelle douleur physique, juste au niveau du plexus solaire.

Je me pose la question :  “Carine, est-ce que tu ne sur-réagirais pas un peu?”.  La réponse est bien sûr “OUI”.  Je décide donc de ne rien faire de concret concernant mon livre, tant que cette réaction corporelle démesurée sera présente.  Elle serait forcément mauvaise conseillère.

Finalement, il ne nous est pas enseigné, ni à l’école, ni ailleurs, comment réagir face à une mauvaise nouvelle.  Pour les bonnes, nous avons quelques rituels transmis par la société :  Ouvrir une bouteille de Champagne ou un autre breuvage, faire la fête, faire un discours… Notre mental se laisse bien plus facilement happer par les mauvaises nouvelles que par les bonnes (sans doute un trait de caractère ancestral qui aura joué en faveur de notre survie), alors, quand les bonnes nouvelles arrivent, la célébration est de mise.

Mais que faire face à une mauvaise nouvelle ?

D’abord, “dézoomer”.  “Mauvaise nouvelle” est un terme assez subjectif.  Ce qui est une mauvaise nouvelle pour une personne ne l'est pas forcément pour une autre.  C’est finalement peut-être mieux pour mon livre de sortir en 2023 qu’en décembre 2022 (je n’aurai sans doute jamais de certitude concernant cette hypothèse).  Qui sait ?  Mais dans tous les cas, je peux chercher les avantages inhérents à une situation peu désirable.

 

Il est aussi important de ne pas rester seul avec sa peine ou son stress.  C’est là qu’intervient, ce que j’appelle la “support team”.  Il est bon de parler à quelqu’un de confiance, car un avis extérieur aide justement à dézoomer.  Mais tous nos amis ne sont peut-être pas aptes à nous apporter le meilleur support, même s'ils nous conseillent avec la meilleure volonté.  Ils ont leurs propres prismes faits de leurs propres peurs.

Pour ma part, je préfère m’adresser à des professionnels de confiance, en parallèle d’échanges amicaux.  J’ai ma sophrologue, mais aussi deux-trois autres coaches que je peux me permettre de solliciter amicalement. 

Chaque échange me permet de prendre du recul par rapport à la situation et de diminuer l’importance de cette “mauvaise” nouvelle. 

Ma sophrologue me conseille d’imaginer le pire scénario :  Que se passerait-il si le livre ne sortait jamais?  Cette projection permet de relativiser et de couper cette peur animale qui m'envahit la poitrine comme si ma survie dépendait de mon livre (ce qui n’est pas le cas).

 

Les mauvaises nouvelles sont un catalyseur d’évolution.

Une autre thérapeute me conseille de lâcher prise.  Elle tente de me faire comprendre d’où me vient cette réaction forte.  Nous avons la capacité de choisir comment réagir à un évènement, mais parfois, c’est plus fort que nous, dans certaines situations, on s’emporte, on panique, on rentre dans une colère noire ou dans une infinie tristesse.  Ou simplement, la peur nous fige et nous ne sommes plus capables de rien.  Ces réactions fortes, particulièrement si je reconnais un pattern* récurrent, sont là pour nous pointer un traumatisme du passé, généralement vécu pendant l’enfance.  Alors, la bonne nouvelle inhérente, c’est que cette mauvaise nouvelle est là pour nous faire évoluer et guérir cette blessure du passé.  Comme le dit si bien Paméla Peeters dans “Petits Belges ?” :  “Les crises ont toujours une raison. (...) Il y a des raisons pour lesquelles tu te heurtes à un mur.”.

 

Bienvenue dans la prochaine étape!

Une fois ce traumatisme ancien identifié, il va falloir prendre soin de notre enfant intérieur, car c’est lui qui a peur.  Je peux alors imaginer la petite Carine en train de revivre cette situation passée et lui expliquer avec mon expérience d’adulte, que je vais la protéger et que cette situation peut être changée.  Ici encore, l’accompagnement d’un professionnel peut être d’une grande aide.  Détricoter une croyance limitante permet de nous faire passer “à l’étape suivante”, c'est-à-dire que je peux enlever chaque peur comme une peau d’oignon, afin de me rapprocher de ma réelle nature, et vivre pleinement mon potentiel.

Après une semaine de travail sur moi, j’ai pu retrouver une sérénité et lâcher complètement prise par rapport au retard de mon livre.  J’ai pu enfin avoir mon éditeur en ligne, le livre sortira en avril, il me le confirme.  Avec ma sérénité retrouvée, j’ai retrouvé mon énergie et j’ai commencé à travailler sur le tome 2.

Les mauvaises nouvelles ont donc un pouvoir transformateur, pensez-y à la prochaine tuile. ;-)

 

Carine Coulm

 

*Il est difficile de traduire le mot pattern en français.  Il faut ici comprendre “un ensemble de réactions associées à une peur particulière déclenchée dans des conditions précises”.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.

Créez votre propre site internet avec Webador