Je devais avoir 6 ans quand j’ai vu le film “L’oiseau bleu”, avec Shirley Temple. C’était un samedi après-midi, RTL avait lancé un cycle des films de la jeune actrice, sur plusieurs semaines.
Le lundi matin, on en parlait à l’école :
- "Il paraît que la 20th Century Fox lui a fait limer les dents pour qu’elle continue à ressembler à une petite fille.
- Mais non, ce n’est pas possible, tu dis n’importe quoi…”
Mon Pays du Souvenir
De ces samedis cinématographiques, seul “L’oiseau bleu” me reste en mémoire. J’y associe un moment en famille, bien au chaud, calée sur le canapé du salon. Je ne me souviens pas qu'à l’école, nous ayons eu des discussions sur le contenu. Pourtant, l’histoire de Tyltyl et Mytyl -qui partent dans une quête à travers les souvenirs, le palais de la nuit, la forêt, le cimetière et le futur pour trouver l’oiseau bleu du bonheur, guidés par la Lumière- m’a marquée, au point que j’ai recherché le film pour le visionner à nouveau l’année dernière.
Quelques années plus tard, c’est dans une émission de Dorothée que j’ai pu retrouver Tyltyl et Mytyl dans un dessin animé, voyageant, cette fois, sur une pantoufle géante. Je n’ai pas fait la démarche de rechercher les épisodes de la série japonaise, qui, je présume, ont encore moins bien vieilli que le film. Mais un visionnage du générique sur Youtube, suffit à me ramener le mercredi après-midi chez mes grands-parents, devant le feu ouvert, tout comme Tyltyl et Mytyl, qui retrouvent leur grands-parents décédés pour manger une tarte aux pommes. Mes souvenirs sont vivants, vibrants et ils ont une grande valeur. Ce n’est pas de la nostalgie, mais plutôt une façon de me ressourcer et de garder en moi, la petite Carine bien vivante également. Aujourd’hui, on parle beaucoup d’enfant intérieur, de la façon dont en prendre soin permet de guérir l’adulte que nous sommes devenus (voir “Le pouvoir des mauvaises nouvelles”). C’est une technique de plus en plus répandue en thérapie, et pour l’avoir testée à de nombreuses reprises, il faut reconnaître que cela fonctionne plutôt bien. En dehors de toute thérapie, le simple rappel de ces souvenirs familiaux, me permet de diminuer mon niveau de stress et de me plonger dans un sentiment de bien-être. Je vous recommande l’évocation de souvenirs heureux, essayez, c’est gratuit et prouvé par la science (1) !
Mon Palais de la nuit
Maladies, guerres, terreurs…toutes ces peurs se cachent derrière les portes que Tyltyl doit ouvrir pour avancer dans sa quête de l’oiseau bleu.
Je sais depuis peu, que ma quête personnelle, c’est d’oser me montrer telle que je suis. Cela m’a paru évident quand l’une de mes amies, apprenant que j’allais sortir un livre, me dit : “Mais comment t’autorises-tu à publier un bouquin ? Je veux dire que tu n’es ni journaliste, ni écrivain”, se reprit-elle, en réalisant ,sans doute, que sa remarque était un peu trop franche.
J’aime écrire, alors, la permission, je me la suis donnée. J’ai commencé doucement, en faisant parler les autres, et les courts morceaux où je me dévoile un peu, sont volontairement là pour me sortir de ma zone de confort. Dans “Petits Belges ?”, certains passages ont même été rajoutés au dernier moment, après avoir été supprimés une première fois, car je n’avais pas eu le courage de les y laisser…et puis finalement, je me suis lancée.
C’est Julien Dewit qui le dit très bien dans “Petits Belges ?” : “Un point clé dans le développement personnel, et donc aussi dans le développement professionnel, a été de réapprendre à faire face à l’inconfort. C’est vraiment une des qualités fondamentales qu’il m’a fallu développer pour pouvoir avancer.”
C’est très inconfortable de parler de moi, je vais donc continuer.
Les âmes de la Forêt
Quand Tyltyl et Mytyl arrivent dans la forêt, ils sont plutôt mal accueillis par les arbres et les animaux. C’est qu’ils sont enfants de bûcheron ; alors, le vieux chêne qui les a reconnus, souhaite leur faire payer les actes de leur père.
"L’oiseau bleu" était à l’origine une pièce de théâtre en 6 actes, écrite en 1908, par le Belge Maurice Maeterlinck. Faire parler les âmes des arbres et des animaux de la forêt pour évoquer une responsabilité écologique était visionnaire pour l’époque. En comparaison, 50 ans plus tôt, dans la version des Frères Grimm du "Petit chaperon rouge", le bûcheron (ou le chasseur) est le héros qui sauve l’enfant des griffes du grand méchant loup. Maeterlinck est résolument moderne dans la relation à la nature qu’il expose dans son récit.
Sans parler de l’expérience malheureuse de nos deux héros, passer du temps dans la nature rendrait plus heureux et réduirait le stress (2). Pourtant, le phénomène d’éco-anxiété grandit. Une solution face à cette peur, est de passer à l’action (voir Bonnes résolutions, empreinte carbone et bas de laine).
Le cimetière
La mort fait partie de la vie, et c’est en étant confronté à cette mort que Tyltyl et Mytyl prennent conscience de l’importance de profiter de chaque instant.
Ma mort est un événement certain. La vôtre aussi, désolée (je ne vous apprends rien). Comme le disait mon amie Nazhia (dans “Petits Belges ?”) : “L’enjeu est de faire de notre mieux dans le temps qui nous est imparti.”

Mon Royaume de l’Avenir
Quand Tyltyl et Mytyl arrivent dans le Royaume de l’avenir, ils discutent avec les enfants -bleus !- qui ne sont pas encore nés. Ils font même la connaissance d’un futur petit frère.
Se projeter dans un futur positif, faire un voyage dans le temps par la pensée, permettrait de se sentir plus heureux, comme démontré par une recherche conjointe entre l’Université de Liège et de Manchester (3). De mon expérience, imaginer son futur, c’est déjà commencer à le construire. Je ne peux pas orienter ma vie vers un but qui est en dehors des possibilités que mon cerveau peut concevoir. C’est pour quoi, j’aurais aimé que quelqu’un informe la jeune Carine, que “L’oiseau bleu” avait été écrit par un petit Belge ; que son histoire était entrée parmis les contes populaire de l’imaginaire mondial, et que son auteur avait reçu le prix Nobel de littérature en 1911 pour l’ensemble de son oeuvre. Cette information m’aurait sans doute imprégnée et je me serais peut-être permis d’écrire un livre avant d’avoir atteint la quarantaine. Mais je sais aussi que tout arrive au bon moment et que je suis exactement là où je dois être.
Le retour à la maison
Quand les deux enfants reviennent chez leurs parents, leur maison a changé, elle leur semble plus lumineuse. Et ils découvrent évidemment que l’oiseau bleu a toujours été là.
Dernièrement, je m’interrogeais sur mes moments de bonheur, et j’en étais arrivée à la conclusion que la sensation “de me sentir à la maison” était un indicateur certain que j’étais en train de vivre un moment heureux. Et il n'est pas nécessaire d’être physiquement chez moi pour que cette sensation se produise. Elle peut venir lors d’une discussion, même avec un inconnu, ou pendant un voyage…J’essaie d’y être attentive, ce qui me permet de vivre le moment avec plus d’intensité et de gratitude.
Avez-vous noté vos moments heureux ? Passés, présents et futurs ? Ils méritent notre attention.
Merci M. Maeterlinck.
Carine Coulm
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